Mobilité douce : comment les entreprises basques s'engagent - Premium

« On pensait que c’était insurmontable », lance Chloé Pradot, chargée des relations publiques chez Wikicampers, à propos du trajet domicile-bureau en vélo électrique, pour se rendre dans les locaux de la société situés à Bidart (zone Izarbel). Si Chloé, qui vit à Anglet, a choisi de privilégier le co-voiturage lors du challenge de la mobilité, organisé au niveau local par le syndicat des mobilités Pays basque-Adour du 3 au 16 juin, d’autres ont saisi l’occasion pour tester les vélos électriques mis à disposition durant cette période. Un essai qui leur a permis de se rendre compte que le vélo électrique était une véritable alternative aux trajets trop souvent effectués en voiture individuelle. Une carte interactive a été également été créée en interne permettant aux salariés de repérer d’autres collègues effectuant un trajet similaire et faciliter ainsi le co-voiturage.Un challenge pour limiter le recours à la voiture individuelleAu sein de l’entreprise spécialiste de la location de vans et camping-cars, le challenge a été pris au sérieux par les salariés. Wikicampers a ainsi appris fin septembre qu’elle avait remporté le challenge dans la catégorie des entreprises de 20 à 99 salariés, face à une vingtaine d’autres compétiteurs. (L’entreprise de Bidart compte 40 salariés.) « Une entreprise ayant gagné l’année dernière ne pouvait gagner à nouveau, et remportait à la place le titre « d’entreprise exemplaire » », tempère Chloé Pradot qui précise que l’Atelier du Chocolat a obtenu ce titre dans leur catégorie.Au total, 67 établissements du territoire ont participé et mis en place des actions pour inciter leurs collaborateurs à privilégier le covoiturage, le vélo, les transports en commun ou la marche à pied, voire le télétravail, pour réduire l’empreinte carbone liée à ces trajets quasi-quotidiens.Si ce challenge annuel, auquel Wikicampers participe depuis l’année dernière, a permis d’éveiller les consciences, de nombreuses initiatives sont mises en place pour favoriser, tout au long de l’année, la mobilité douce. Ainsi, au sein du nouveau bâtiment construit par Wikicampers à Izarbel, investi par les équipes au mois de juillet, un espace sécurisé pour les vélos, un placard pour charger les batteries des vélos électriques et deux bornes permettant de recharger quatre véhicules ont été installés. « Pour le moment, il y a 10 places vélo, assez larges pour accueillir des vélos-cargos », précise Chloé Pradot. Les deux bornes de recharge ont représenté un investissement de 10.000 euros. Par ailleurs, pour encourager la mobilité verte, chaque collaborateur ayant effectué 12 trajets (six aller-retour) dans le mois peut se voir verser une indemnité mobilité verte. Sur les 12 derniers mois, 10 collaborateurs en ont bénéficié et un montant total de 1.017 euros a ainsi été versé.Des actions au long coursLa laiterie Bastidarra située à Bardos n’a pas participé au challenge, mais s’intéresse pourtant de près au sujet. Depuis début 2024, quatre vélos électriques sont mis à disposition des salariés, qui vivent, pour la plupart dans les villages alentours. Et un garage à vélos a été construit pour que les salariés puissent y laisser leur vélo personnel. Un investissement de près de 10.000 euros pour les vélos et de 35.000 euros pour le garage à vélos. « On a commencé par effectuer des bilans carbones sur les pratiques professionnelles et personnelles, explique Céline Uhaldeborde, responsable QHE-RSE chez Bastidarra. On s’est dit qu’il était intéressant d’avoir une alternative sur place pour aider les salariés. » Pour 2025, l’entreprise de 40 salariés réfléchit à la mise en place d’un « forfait mobilité durable » pour favoriser le covoiturage.L’entreprise Chocolat Cazenave, à Bayonne, a quant à elle été lauréate du challenge, qui existe depuis 2011, pendant trois années consécutives (2017, 2018, 2019), dans la catégorie des entreprises de moins de 20 salariés. « Notre politique est d’avoir des salariés qui sont logés proche de leur lieu de travail », explique Pantxoa Bimboire, le dirigeant, qui précise que la plupart des neuf salariés viennent à l’atelier ou à la boutique à pied et d’autres en vélo ou en transports collectifs. Pour lui, « la mobilité c’est important, mais la RSE c’est un tout ». Le chef d’entreprise rappelle ainsi que de nombreux autres engagements ont été pris par l’entreprise, signataire depuis 10 ans de la Charte Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) pour les entreprises du Pays Basque, comme une soixantaine d’autres entreprises du territoire. Parmi ces engagements : le recours à moins de 15 % de CDD, un salaire minimum au-dessus du SMIC ou encore la préférence aux circuits courts.Pour les autres aussi, la mobilité douce s’inscrit ainsi dans une politique globale. Chez Wikicampers, depuis 2019, les salariés cherchent de façon ludique à réduire leur empreinte carbone via une application « Wikigreen », où tous répertorient leurs efforts individuels (venir en vélo au travail donc, manger un repas zéro déchet, vider son compost ou encore fabriquer ses propres produits ménagers, parmi de nombreux exemples). « Ce sont des valeurs chères à Marion (Woirhaye) et Éloïse (Mourat), du COPIL, portées de manière concrète au quotidien et qui nous poussent à réfléchir à notre business model, pointe Chloé Pradot. Notre service de location et vente de vans d’occasion est déjà collaboratif, mais on va par exemple encourager l’électrique à terme. On sait qu’il va falloir continuer à se réinventer. »