Mécénat de compétences : « Ne pas avoir peur de guider le collaborateur sur le choix de la structure » - Premium

Peut-on déployer des actions de mécénat de compétences, même lorsqu’on est une entreprise de moins de 20 salariés ? Chez Transicia, la réponse est oui… à quelques conditions. La société de recrutements par intérim compte aujourd’hui 15 salariés, et a commencé à mettre en place une politique de mécénat en 2019. De quoi lui permettre d’avoir, cinq ans plus tard, un vrai retour d’expérience. « Au départ, on n'utilisait pas le terme de mécénat de compétences, se remémore Laurence Ducos, responsable marque employeur de Transicia. Dans mon métier, j’ai pour mission d’aller à la rencontre des partenaires emploi, d’apporter des conseils aux demandeurs d’emploi et j’en rencontrais dans les centres de formation. Ensuite, en 2019, nous avons adhéré au réseau des Entreprises pour la Cité, qui propose assez régulièrement des coachings solidaires. » Naturellement, la responsable se positionne sur le sujet, découvre que cela porte un nom, et peut en plus être valorisé en matière de déduction fiscale.« Assez vite, au bout d’un an, on s’est dit avec Patrick Rioux [ndlr, fondateur et dirigeant de l’entreprise] qu’il faudrait que nos collègues participent », reprend Laurence Ducos, ne se doutant pas qu’il s’agissait alors d’un vœu pieu. Elle communique de façon informelle, pensant que la petite taille de la structure servira à faire le reste…ce qui n’a finalement pas été suffisamment le cas. « Durant la période du covid, on a embarqué tous nos collaborateurs en valorisant des RTT en argent, et en faisant des dons pour des associations contre la précarité étudiante, en soutien à l’Ukraine. C’était efficace, mais la notion de temps était cachée par la forme des RTT, analyse Laurence Ducos. J’avais du mal à mobiliser tout le monde sur le volet compétences car ce n’était pas la priorité de mes collègues, le quotidien l’emportait. »D'abord, rencontrer les associationsC’est finalement en janvier dernier lors du séminaire de rentrée, que le dirigeant de la PME décide de passer à l’étape supérieure : chaque salarié bénéficie désormais de sept heures de mécénat de compétence par an. Patrick Rioux espère alors qu’en actant cette possibilité, Transicia évoluera vers une action plus formalisée, et donc plus motivante pour ses équipes. Aucune obligation mais une « forte incitation », chacun étant libre de choisir la structure associative correspondant le plus à ses centres d’intérêts. « J’ai réalisé des infographies pour définir les grandes étapes, fais une sorte de mode d’emploi. Je me suis dit que j’allais être bombardée de demandes… ce qui n’a pas été le cas », concède Laurence Ducos. Qui en tire un second enseignement : il ne faut pas avoir peur de guider le collaborateur sur le choix de la structure soutenue. « J’avais des collègues qui me disaient avoir l’envie de s’impliquer, mais qui ne savaient pas comment faire », se remémore notre interlocutrice. Qui a alors réalisé un travail en trois temps : rencontrer l’association, recueillir ses besoins puis la proposer aux salariés de Transicia.Bilan, neuf mois après l’officialisation de cette activité : les trois quarts des salariés sont engagés dans la démarche. « Il y a encore deux ou trois personnes qui n’y vont pas, non pas car elles ne veulent pas, mais pour qui c’est très compliqué de se projeter, avance Laurence Ducos. Elles ont du mal à se dire, “je vais passer une journée dans une structure où je ne connais personne”... » La responsable marque employeur l’avoue, elle ne pensait pas que mettre en place ce type de mécénat prendrait autant de temps. Mais espère, désormais, que la machine est bien enclenchée. « Pour le moment nous continuerons de leur proposer quelques associations seulement, peut-être même n’en retenir que trois. » De quoi tirer des leçons pour les années à venir, dont la première : « On teste, et on adapte. »