Stockage de chaleur : Newheat et l’Agglo de Pau plongent dans la fosse aux calories - Premium

Le Béarn, terre du pôle de compétitivité Avenia « dédié aux filières industrielles du sous-sol au service de la transition écologique et énergétique », ne pouvait être absent d’un projet tel que TREASURE. Soutenu par l’Union européenne à hauteur de quelque dix millions d’euros, ce programme de recherche et développement entend permettre d’accélérer la mise en place de réseaux de chaleur urbains (RCU) 100% renouvelables. L’idée est ici de faire la démonstration de grands systèmes de stockage d’énergie thermique en fosse. Mais aussi d’améliorer leur conception ainsi que les procédures de développement et d’exploitation. Pour ce faire, les parties prenantes du programme s’appliqueront à faire le lien entre la recherche et la pratique, dans l’esprit du Green Deal européen. Plusieurs projets de ce type existant déjà, notamment au Danemark, l’UE souhaite améliorer sa connaissance de ces solutions. Le consortium TREASURE s’appuie sur 15 initiatives, réparties dans cinq pays européens et portées par 24 partenaires. Il fournira, a minima, trois grands démonstrateurs opérationnels et contrôlés, ainsi que quatre autres démonstrateurs à un stade de développement plus précoce, d’ici fin 2027.Le stockage en fosseL'objectif est de stocker un surplus d'énergie renouvelable disponible en période estivale, afin de pouvoir alimenter l'extension du réseau en période hivernale et ainsi maximiser la part d'énergies renouvelables et de récupération. Le stockage en fosse (ou Pit Thermal Energy Storage) est un système consistant à accumuler et à décharger la chaleur au sein d'une fosse contenant de l'eau ou une matière minérale (sable ou graviers) associée à un fluide caloporteur. Ainsi, la chaleur excédentaire produite à certaines périodes de l'année peut ainsi être stockée pendant plusieurs mois, afin de la valoriser en hiver en répondre aux pics de consommation tout en réduisant l'usage de l'habituel gaz naturel. C'est le stockage inter-saisonnier de chaleur.Un trio girondo-béarnaisL’Union européenne a retenu une seule initiative française - largement néo-aquitaine - assise sur le réseau de chaleur urbain de l’Agglomération de Pau. Opéré par Pau Béarn Pyrénées Energies Services (filiale commune d’Engie Solutions et de la Banque des Territoires, siège social à Canéjan, en Gironde), il s’étend sur 44 km et comprend 169 sous-stations. Mis en service le 8 décembre dernier, il est pour l’heure alimenté à 50% par l’usine de valorisation énergétique de Lescar, 25% par la centrale biomasse implantée à Lons et 25% par la centrale gaz de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Porté par la Communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées, il alimente à ce jour 208 abonnés, soit l’équivalent de 11.000 logements auxquels il fournit chauffage et eau chaude sanitaire, pour 77,55 MW souscrits et 132 GWh d’énergie consommée.Newheat est le troisième partenaire de cette initiative française. Leader français de la production de chaleur solaire, cette société bordelaise, qui a levé 30 millions d’euros à l’automne dernier, développe à travers l’Europe des solutions de production et de stockage de chaleur renouvelable, dont cette technologie de stockage de chaleur en fosse. « Ces solutions de stockage de chaleur existent et sont matures, nous les déployons depuis plusieurs années, souvent accolées à de nouvelles centrales de production de chaleur renouvelable, confirme ainsi Hugues Defréville, cofondateur et CEO de Newheat, ce système dont nous étudions la faisabilité pour le réseau de l’agglomération de Pau permettrait de remplacer une part très significative des énergies fossiles utilisées sur une partie de l’année. »Développement et stabilité tarifaireDu côté de l’Agglo de Pau, on regarde avec intérêt le potentiel de cette innovation. François Bayrou, président de la Communauté d’agglomération paloise : « Nous avons fait le choix de développer un réseau de chaleur ambitieux valorisant l’énergie fatale de notre incinérateur et la combustion d’une biomasse présente en quantité sur notre territoire. Alors que les travaux arrivent à terme, nous constatons d’ores et déjà des opportunités d’extension et de raccordement de nouveaux clients à hauteur de 25%. » Tout en s’appliquant à répondre à ces nouveaux besoins, la collectivité entend porter son taux de couverture des besoins de son RCU par les énergies renouvelables au-delà des 75% actuels. « Nous avons logiquement intégré ce projet européen pour étudier concrètement un projet de stockage aussi innovant qu’ambitieux », prolonge Cédric Maisonneuve, directeur du bureau d’études Territoires Sud Engie Solutions. « L’objectif est de définir les paramètres clés permettant d’avoir un projet de stockage vertueux et apportant une stabilité tarifaire pour les abonnés du réseau de chaleur de Pau », insiste-t-il.La première phase du projet français, qui implique des études techniques, économiques et environnementales détaillées et devrait durer un an, est sur le point de démarrer pour déterminer la faisabilité d’un démonstrateur. En cas de résultats probants, cette innovation pourrait se voir dupliquée sur de nombreux réseaux de chaleur urbains à l’échelle européenne, pour en faire évoluer les leviers de décarbonation.