Pourquoi les fromageries Onetik et Etxaldia financent des remplacements d'agriculteurs - Premium

« On voulait voir ce qu’on pouvait apporter de plus ». C’est en ces termes que le président de la société Onetik, Louis Gervoson a démarré le point presse organisé dans les locaux de la fromagerie. Onetik ainsi que la fromagerie des Aldudes (rachetée fin 2022 pour devenir Etxaldia) portent en effet le projet de financer le recours au service de remplacement des agriculteurs qui fournissent le lait pour leurs fromages.Car malheureusement encore trop peu d’agriculteurs prennent de vacances, ou ne serait-ce que des week-ends. Pourtant, dans le département, la Fédération Service de Remplacement 64, regroupe deux structures que sont « le Service de remplacement Basco-Béarnais » et « Lagunak », assure ces prestations et fournit des remplaçants aux agriculteurs qui en font la demande. Un service payant, mais qui leur permet de couper, que ce soit pour des congés, des remplacements ponctuels pour accident ou maladie, etc. Une activité qui a doublé, comptant désormais sur 18 personnes en CDI et plus de 500 CDD qui viennent effectuer ces remplacements. Besoins en hausseSi bien que désormais, « nous en sommes à 92.000 heures de remplacement », explique Marie Sengariz, responsable administrative de la Fédération du service de remplacement. Dont la moitié pour des épuisements professionnels et des accidents, relève-t-elle. Alors pour ne pas en arriver là, la fédération veut inciter les producteurs à se saisir de ces jours, avant d’en arriver à ces stades d’épuisement.C’est aussi ce qui a motivé Onetik. « Le plus facile pour nous, en tant que laiterie pour soutenir le producteur, c’est la paye du lait », explique Louis Gervoson. « Ça fait un moment qu'on essaie toujours de valoriser le lait le plus possible, et d'être le meilleur payeur dans la région. » Pas suffisant selon lui, alors la fromagerie a décidé de franchir un pas de plus, et d’être directement en soutien aux agriculteurs en s’investissant sur le financement de jours de remplacements. « On a besoin que les agriculteurs soient contents de faire leur travail et qu’ils soient mieux dans leur quotidien ». Ainsi la fromagerie a donc décidé de financer dix jours de remplacement par an et par producteur de lait.Ainsi, les producteurs de lait qui fournissent Onetik et Etxaldia ont été approchés. Plutôt que de prendre des journées individuelles de remplacement, il leur a été proposé de mutualiser leurs besoins afin de se partager un salarié. Une personne qui pourra intervenir à tour de rôle en fonction des besoins. « C’est une bonne chose pour quand l’activité se renforce aussi » explique Céline Monaco, éleveuse aux Aldudes. Elle fait partie de ceux qui se sont regroupés pour prendre une personne à temps partiel. Ainsi, plusieurs groupes de plusieurs éleveurs se sont formés, qui payent en fonction du nombre de jours qu’il feront travailler leur remplaçant. Là-dessus aussi, Onetik finance 10 jours par éleveurs de remplacement. En tout, à ce jour, ils sont 43 d’entre eux à avoir intégré la démarche en formant des groupements d'employeurs et ainsi lancé cinq offres de remplaçants en CDI. Ces 43 éleveurs ont été répartis en cinq groupes composés d'entre 6 et 11 paysans, par zone géographique.100.000 euros d'investissementCéline Monaco n’a pas encore eu l’occasion de laisser à son remplaçant les rênes de l’exploitation. Pour l’instant, il vient à plusieurs reprises pour comprendre comment la ferme fonctionne. Mais c’est une démarche positive selon elle. « En mutualisant un producteur entre huit éleveurs, nous arrivons à souffler sans culpabiliser d’être absents et nous pouvons faire des choses nécessaires auxquelles nous n’arrivions pas à accorder du temps jusqu’à présent », souligne l’éleveuse qui y voit une manière de « diminuer notre charge mentale et pouvoir profiter pleinement de notre famille ».Pour Onetik, à terme, si les éleveurs se saisissent de cette possibilité, l’investissement pourrait représenter environ 100.000 euros. Mais un investissement d’avenir selon eux. « On sait que la prochaine génération n’acceptera pas la même chose que l’ancienne », conclut Eddy Cussac, le directeur général adjoint de Onetik.