Insertion : comment la Fédération du BTP accompagne les personnes éloignées de l'emploi - Premium

La création de BTP Insertion remonte à 2008, raconte Sylvain Thirant, son président. Cette année-là, le code des marchés publics se voit adjoindre la « clause d’insertion » : une disposition légale obligeant les entreprises du BTP répondant aux appels d’offre publics à réserver une proportion donnée des heures de travail à des personnes en voie d’insertion. « À l’époque, c’était nouveau, et c’était une véritable contrainte », se souvient Sylvain Thirant, lui-même entrepreneur dans le bâtiment. Certaines entreprises s’adaptent elles-mêmes, d’autres sous-traitent la recherche d’employés en voie d’insertion à des agences d’intérim spécialisées. C’est sur la base de ce constat que la Fédération du BTP du 64 décide de créer BTP Insertion.Formellement, il s’agit d’une association, fonctionnant selon un modèle économique hybride, combinant financement public et fonctionnement classique d’une entreprise de travail temporaire. « L’État finance l’association en fonction des Équivalents Temps Plein (ETP) employés dans l’année, avec un budget alloué », explique Sylvain Thirant. En 2023, BTP Insertion a permis à 132 intérimaires de travailler, cumulant 64.000 heures de travail, soit environ 40 ETP, en collaboration avec 98 entreprises partenaires. « Le secteur du BTP est en constante demande de main-d’œuvre », souligne Sylvain Thirant. C’est aussi un secteur qui joue traditionnellement un rôle de porte d’entrée pour les personnes en voie d’insertion ou de réinsertion. « Nous avons toujours fait travailler des gens éloignés de l’emploi, raconte le président de BTP Insertion. La porte d’entrée du BTP est ouverte à tout le monde. sans barrière de niveau d’étude, de sexe… vous pouvez venir comme vous êtes. Tout le monde peut trouver dans le BTP un métier qui lui correspond, partir de rien et être chef d’entreprise au bout de quinze ans. »Formation, mobilité et logementC’est l’objectif que se fixe BTP Insertion : soutenir et accompagner ses intérimaires, pour, in fine, aboutir à ce que Sylvain Thirant appelle une « sortie positive » : l'obtention d’un CDI ou d’un contrat d'insertion au sein d’une entreprise locale. « Nous mettons en place diverses actions pour soutenir nos intérimaires : on accompagne sur la sécurité, on fournit des EPI (équipements de protection individuels), on peut aider avec les démarches officielles… énumère M. Thirant. Nous pouvons aussi aider à la mobilité, en prêtant des vélos classiques et vélos électriques. »En 2021, BTP Insertion ajoute aussi des cours de français à son dispositif. « Auparavant, les étrangers que nous accompagnions venaient surtout d’Afrique du Nord et n’avaient pas de problème de langue, explique le président de l’association. En 2021, nous avons commencé à voir arriver des gens venus par exemple d’Afghanistan et qui ne parlaient pas du tout français. Nous avons mis en place des cours de langue tous les vendredi après-midi, dirigés par des bénévoles, pour apprendre les bases et le langage de la sécurité », détaille-t-il. À lire également - Les Trophées de l'insertion se tiendront le 30 novembre au Palais des Sports de PauL’association investit également dans des solutions de logement temporaires pour ses intérimaires. « Certains n'ont pas de logement et dorment dans leur voiture. C’est surtout un problème en Pays basque. En Béarn on arrive encore à obtenir des logements sociaux. Nous avons acquis deux logements en Pays basque, que l’on peut mettre à disposition pour une durée de deux fois trois mois. En parallèle, nous aidons les intérimaires à faire des demandes de logement social », précise Sylvain Thirant.En 2023, BTP Insertion affichait un taux de 80 % de « sorties positives », avec 38 personnes en CDI ou contrat d’insertion sur les 40 accompagnées. « Nous avons légalement deux ans pour trouver un emploi aux personnes que nous accompagnons, mais cela prend en moyenne entre 10 et 16 mois », indique le président.« En tant qu’entrepreneur, il est de notre devoir de former des personnes et de faire découvrir nos métiers. Les mentalités changent dans le secteur du BTP, et il est plus facile aujourd'hui de former des gens qu'il y a dix ans, conclut Sylvain Thirant. Employer une personne en insertion demande de l’ouverture d’esprit et de la patience. Mais finalement, nous avons tous commencé quelque part. »