Chez Strategir, le mécénat de compétences répond à une quête de sens - Premium

Créée en 1986, la PME bordelaise Strategir emploie environ 100 collaborateurs dont environ 70% sont à Bordeaux et le personnel restant réparti dans d’autres villes de province (20 personnes à Paris). « C’est une PME qui joue sur un terrain national et international et si on a deux ou trois clients locaux à Bordeaux, c’est le maximum. Notre métier, c’est de faire des études marketing. Les clients sont L’Oréal, Mondelez, Lactalis, La Française des Jeux, Danone, ce sont ces très très gros clients. Ils ont des services marketing et ils réfléchissent régulièrement à leur ligne de produits. Ils ont des stratégies et ils décident de lancer de nouveaux produits, des rénovations, des innovations, des changements dans leur mix marketing. Avant de faire cela, parce que ça génère de très gros investissements pour eux, ils veulent sécuriser leur lancement en faisant une étude marketing et ils appellent des instituts comme nous où il y a beaucoup de concurrents pour être en quelque sorte la voix du consommateur qui peut être en France, aux US, en Chine, en Afrique du Sud, en Inde, partout. On a la faculté d’accompagner nos clients dans tous les pays du monde », décrit Emmanuel Delsuc.« L’idée m’est venue suite à un séminaire »« Le mécénat de compétences est quelque chose qui est assez symbolique chez nous. L’idée m’est venue suite à un séminaire en 2019. On a un peu moins de 50% des équipes qui sont des chargés d’études. Ce sont des gens qui ont bac 5 et qui savent traiter de la donnée, on en collecte énormément, ils savent aussi analyser et connecter. Ils ont des bases statistiques, mathématiques et puis marketing. Ce sont des gens qui ont des cerveaux qui fonctionnent bien. On s’est rendu compte qu’il y avait une quête de sens dans leur métier » développe le dirigeant. Il enchaîne : « On travaille sur la 7e couleur du smarties, on travaille sur la couleur de tel pack, sur… ok, mais on sauve pas le monde. Et on travaille comme des brutes dans le service, on travaille au service de grands groupes qui, eux, ont des gros enjeux et qui "pressurisent" beaucoup. Et je me suis dit que là, on avait un sujet. Mon principal point, pour donner du sens, il faut qu’on remette notre métier dans des grands enjeux sociétaux et c’est pas facile quand on fait du marketing. C’était le début de la réflexion RSE. C’est-à dire comment notre métier peut s’inscrire dans une réflexion sociétale, environnementale et de valeurs éthiques. Et je me suis dit que si on arrivait à monter un projet comme cela et qu’on insérait notre entreprise et nos démarches à travers ce prisme, on redonnait du sens. Et le premier acte fondateur de la RSE qui était pratico-pratique, c’était le mécénat de compétences ».« La déduction fiscale n'est pas du tout une motivation »Si le don en mécénat de compétences donne droit à une réduction d’impôt, celle-ci n’a pas pour autant pesé dans la balance. « Si demain le gouvernement devait supprimer cet avantage, ça changerait rien à notre politique. Le bénéfice est surtout pour les salariés. Quand ils reviennent de leur mission, ils sont hyper contents. Cela leur a ouvert des perspectives incroyables, ce qui vaut n’importe quelle déduction fiscale. Le but était là. La déduction fiscale, ce n’est pas énorme et pas du tout une motivation » déroule le dirigeant. Concrètement, les salariés de Strategir disposent d’une demi-journée par an pour réaliser une action dans le cadre du mécénat de compétences. « Cela pourrait représenter 50 jours par an, si tout le monde le faisait » indique Emmanuel Delsuc. Actuellement, une vingtaine de collaborateurs utilise ce temps offert par l’entreprise. « Il y a des personnes qui préfèrent donner leur temps à des associations en dehors de leur temps de travail, dans leur sphère personnelle, ce qui est évidemment respectable » souligne le dirigeant.Des actions autour du coachingStrategir s’est faite accompagner, notamment par des consultants. « Avec un premier acte. Je vous donne du temps payé par Strategir pour que vous l’utilisiez à des causes, à des démarches, à des associations parce qu’elles ont besoin de gens comme vous. Et à ce moment-là, on s’est connecté au réseau Les Entreprises pour la cité (LEPC) ». Cette association, qui dispose d’une antenne sud-ouest dirigée par Julia Wasykula, propose un programme qui est ensuite publié sur l’intranet de l’entreprise sous la forme d’un appel à candidatures. L’an dernier, les collaborateurs ont participé à des actions menées au sein des collèges en quartier prioritaire de la politique de la ville (deux thèmes : la mixité des métiers et la découverte de l’entreprise) mais aussi des coachings dans le cadre de l’emploi auprès de personnes réfugiées, de jeunes de 17 à 25 ans mais aussi de jeunes en situation de handicap (neuro-atypique). Un autre coaching est pratiqué autour du numérique via l’association Emmaüs Connect où la collaboration va encore plus loin. « On donne notre matériel en fin de leasing qui est très bien entretenu. Au bout de quatre ans, on les renouvelle et on en fait don à Emmaüs Connect » déclare le dirigeant. D’un point de vue des difficultés ou freins à lever pour la mise en place du mécénat de compétences, le dirigeant n’en relève pas vraiment. « Le process est très bon. Notre souhait est de continuer comme ça et d’être à l’écoute des Entreprises pour la cité parce que c’est notre thermomètre ». Pour cette jeune entreprise à mission, « ça s’intègre dans une politique RSE plus générale. Et aujourd’hui, nos réflexions vont davantage vers l’adaptation de notre modèle économique aux grands enjeux de notre impact sur l’environnement. Cela dépasse la question du mécénat qui est une des pièces du puzzle. Le mécénat a tout son sens dans la partie sociétale ».Le premier rendez-vous du club Résolution se déroulera le 4 juin prochain dans les locaux du groupe Sud Ouest, à 11h. Il sera consacré à un retour d'expérience sur le mécénat. Pour plus d'informations, votre contact : Justine Barat-Latuite (justine@placeco.fr - 07 78 90 59 89)

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