GRDF déploie en Béarn la technologie de l'enrubannage pour réduire son empreinte carbone - Premium

Au premier coup d'œil, malgré la technologie novatrice qu'il dissimule, le chantier paraît assez modeste : quelques engins sur le bas-côté d’une petite route de campagne près de Limendous, une canalisation posée à même le sol, attendant d’être enfouie dans une tranchée. Il s’agit d’une conduite de gaz qui reliera le méthaniseur de Gardères au réseau de distribution, et y injectera l’équivalent de la consommation de 2.500 maisons neuves. Mais si GRDF a souhaité attirer l’attention sur ce chantier, c’est car trois des dix kilomètres de canalisations feront appel à l’enrubannage, une technologie consistant à ajouter, autour des canalisations en polyéthylène utilisées pour distribuer le gaz, une gaine géotextile. Celle-ci contient un fil traceur permettant de la géolocaliser et d’accroître ainsi la sécurité du réseau ; mais surtout, elle permet d’enterrer le tuyau directement dans le sol, sans apport de sable comme nécessaire dans le cas d’une conduite de gaz classique.Réduire l'empreinte carbone des chantiersConcrètement, cela permet d’éviter des déplacements de camions supplémentaires sur les chantiers, et ainsi de réduire la facture… et l’empreinte carbone. « Economiquement, cela revient un peu moins cher, confirme David Bourguinat, conducteur des travaux. Mais l’intérêt principal, c’est l’aspect écologique ». Sur les trois kilomètres que représente la portion du chantier de Limendous réalisée à l’aise de l’enrubannage, 1.000 tonnes de sable et de gravats doivent en effet être extraits, puis acheminés sur place, pour venir combler la tranchée dans laquelle est installée la conduite de gaz. Or, le déblayage et le remblayage représentent à eux deux quelque 45% de l’empreinte carbone d’un chantier. Utiliser l’enrubannage, calcule Sébastien Mourgues, conseiller Collectivités territoriales Béarn chez GRDF, permet donc de faire baisser l’empreinte carbone du chantier de plus de 24 tonnes d’équivalent CO2, une performance en ligne avec le projet d’entreprise 2024-2028 du distributeur de gaz, qui prévoit une division par deux de son empreinte carbone.À lire également - Gaz : GRDF multiplie les conduites pour accompagner le développement de la méthanisation« C’est une technologie que nous utilisons déjà beaucoup dans le nord de la France, précise Sébastien Mourgues. En Béarn, nous l’utilisons pour la première fois ». Une première qui en amènera d’autres : « Dès qu’on peut utiliser l’enrubannage, on le fait », ajoute-t-il. La même technologie est d’ailleurs utilisée pour les conduites électriques et les gaines de fibre optique, ajoute Sébastien Mourgues. Pourtant, aujourd’hui, aucune société en Béarn n’utilise cette technologie, regrette le représentant de GRDF. « On doit faire venir un sous-traitant de Bretagne. Il faut donc des chantiers avec des longueurs assez conséquentes pour le faire se déplacer. S’il y avait un prestataire local capable de faire de l’enrubannage, on serait ravis de travailler avec lui.Le Béarn compte aujourd’hui huit méthaniseurs en service à Orin, Espéchède, Préchacq- Navarrenx, Asson, Lescar, Pardies-Piétat et Mourenx. Deux unités supplémentaires devraient entrer en service d’ici la fin de l’année 2025. 25% du gaz consommé dans le Béarn sera alors issu de la méthanisation. À fin 2026, treize méthaniseurs devraient être opérationnels. Selon les projections de GRDF, parmi les intercommunalités béarnaises, la CC Nord-Est Béarn devrait présenter le meilleur rapport de gaz vert par rapport à sa consommation totale, avec un taux de 117% (27% à fin 2023) qui ferait de la CCNEB un exportateur net de biométhane. Viendront ensuite la CC du Pays de Nay (35% à fin 2023, 43% en 2026), la CC Lacq-Orthez (15% et 33%), et la CC des Luys de Béarn (pas de production à fin 2023, 30% de gaz vert à fin 2026).