Comment Netcarbon veut booster naturellement le stockage du CO2 dans le sol - Premium

Pour lutter contre le changement climatique, on doit d’abord chercher à réduire de façon drastique les émissions de CO2. Mais quels que soient les efforts, il reste une part incompressible, à compenser. Et pour ce faire, il faut travailler la séquestration du CO2. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la France doit diviser par six ses émissions et, dans le même temps, multiplier par deux ses puits de carbone. À ce titre, l’optimisation de l’usage des sols est indispensable. C’est en s’appuyant sur ce constat et sur l’opportunité offerte par la mise à disposition gratuite, dans le cadre du programme européen Copernicus, des images satellites de l’ensemble des surfaces du Vieux Continent, qu’est née Netcarbon, début 2021. La startup a conçu une plateforme de simulation et de monitoring capable de préconiser les pratiques de gestion des sols les plus efficaces. En collaboration avec le CNES, l’Inrae ainsi que l’Inria, sa technologie maison combine l’état réel du terrain avec l’imagerie satellite et l’intelligence artificielle pour suivre de manière extrêmement précise l’état des sols. Elle est ainsi capable de déterminer de multiples facteurs tels que l’humidité, la température et les types de végétation, afin de classifier les sols et de mesurer la captation carbone correspondante.Des éléments qui permettent ensuite d’agir efficacement. « Selon l’Inrae, une amélioration marginale de l’usage des terres grâce à la renaturation des sols et la mise en place de pratiques agroécologiques permettraient de stocker près de 30 millions de tonnes de CO2 par an en France, soit environ 7,5% des émissions nationales tous secteurs confondus », soutient-on chez Netcarbon. « Il est indispensable de bien comprendre les mécanismes de la biosphère pour mettre en place les bonnes pratiques, aux bons moments et aux bons endroits. À cet effet, nous donnons accès à des données précises pour faciliter la transformation à grande échelle de la gestion des terres, à travers le déploiement massif de solutions fondées sur la nature », souligne Adrien Mazeau, cofondateur de Netcarbon. « Des actions simples et peu coûteuses comme les cultures intermédiaires, les haies et la renaturation, permettent à la fois de réduire significativement nos émissions de CO2 et de séquestrer durablement du carbone dans les sols », complète Basile Goussard, l’autre cofondateur.Favoriser les services gracieux de la natureUn premier cas d’application de l’aménagement du territoire est en cours avec Bordeaux Métropole, notamment dans le cadre du programme « Plantons un million d’arbres » mais aussi pour le suivi des îlots de chaleur de futurs projets urbains. « L'enjeu pour une telle métropole, c'est de voir comment on déploie la végétalisation à grande échelle. Il ne faut pas se contenter de planter des arbres isolés, la végétation basse permet aussi de recréer un écosystème et de maximiser le stockage », décrypte encore Adrien Mazeau. Une approche qui fait écho, par exemple, à celle qui sous-tend le réaménagement à venir de la place Tourny à Bordeaux, pour lequel la mairie a lancé au printemps dernier une concertation. « Pour l’instant, il y a ici des plantations monospécifiques, avec une nature décorative, alignée comme une armée. Nous voulons redonner un biotope à cette place, avec des arbres qui seront pleinement efficaces », évoquait en mars dernier Didier Jeanjean, adjoint au maire de Bordeaux, chargé de la nature en ville et des quartiers apaisés. Efficaces ? « On observe que ces arbres ne refroidissent pas la ville, parce qu’il n’y a pas d’eau et donc ils ne produisent pas de vapeur de transpiration. Nous voulons repositionner de la nature avec les services qu’elle nous rend gracieusement. Il n’y a pas de biodiversité. Vous voyez qu’au pied des arbres, on est sur un gravier. L’idée est de faire des parterres, avec plusieurs strates, des plantations basses et rampantes, des plantations arbustives à mi-hauteur », complétait-il alors.Au-delà de l’audit, la solution NetCarbon propose donc des scénarios d’amélioration et assure un suivi en temps réel des projets de renaturation. « Au regard du coût estimé des futures technologies industrielles d’élimination du carbone, les solutions fondées sur la nature sont bien moins coûteuses », argumente encore la direction de l’entreprise girondine.Créer un leader mondialAu soutien de son développement, Netcarbon a bouclé une levée de fonds de pré-amorçage, auprès du fonds d’investissement Fund I, mené par le venture studio 4elements dédié à la transition climatique en Europe. Cette manne d’un million d’euros sera principalement dédiée au renforcement de l’équipe (13 personnes actuellement) en embauchant quatre personnes cette année puis cinq en 2025, pour « poursuivre l’amélioration de notre algorithme, notamment sur la partie agriculture en étant capables de mesurer la captation de carbone sur d’autres cultures mais également d’autres zones pédoclimatiques [relatives au climat du sol, ndlr] et donc d’être capables d’aller au-delà de la France et même de l’Europe de l’ouest, pour aller travailler sur d’autres continents ». L’occasion aussi d’accélérer sur la commercialisation en structurant une équipe ad hoc. Car l’ambition est bien là : devenir le leader mondial de la simulation et du monitoring des sols. « Netcarbon est d’ores et déjà en déploiement avec plusieurs acteurs de l’agroalimentaire afin de les aider à améliorer leur scope 3 qui, en moyenne, représente 80% de leur empreinte carbone », précise-t-on encore au sein de la jeune pousse.Commercialisée sous forme d’un abonnement SaaS (software as a service) dont le prix dépend de la taille de la zone monitorée, la solution Netcarbon se donne l’objectif de contribuer d’ici 2030 au stockage d’un million de tonnes de CO2. En revanche, la startup a « complètement mis de côté » son projet de place de marché en forme de bourse du carbone, qui aurait mis en relation les agriculteurs avec les entreprises cherchant à compenser leurs propres émissions de CO2. « On se concentre vraiment sur la dimension de mesure et d’amélioration du stockage de carbone ainsi que sur les éco-bénéfices. C’est notre expertise, là où on a le plus de valeur ajoutée », conclut Adrien Mazeau.NetcarbonSAS fondée en 2022Siège social à Mérignac13 personnesCA : n. c.